A l’occasion de la séance de question au gouvernement, la sénatrice de Paris interrogeait ce matin la Ministre de la Santé sur la politique de dépistage du cancer du sein. Voici le texte intégral de son intervention, ainsi que la réponse de Roselyne Bachelot.
M. le président. La parole est à Mme Catherine Dumas, auteur de la question n° 637, adressée à Mme la ministre de la santé et des sports.
Mme Catherine Dumas. Avec 50 000 nouveaux cas diagnostiqués chaque année et 12 000 décès, le cancer du sein reste un véritable fléau pour les femmes françaises.
Les thérapies ont pourtant fait d'importants progrès ces dernières années, et les tumeurs de moins d'un centimètre sans atteinte ganglionnaire peuvent désormais, si elles sont détectées à temps, se terminer par une guérison dans 90 % des cas.
Il est donc fondamental d'organiser et de généraliser les actions de prévention et de dépistage.
Le Gouvernement a mis en place voilà quelques années une politique ambitieuse de dépistage organisé et gratuit, offrant aux femmes de cinquante à soixante-quatorze ans la possibilité de réaliser une mammographie de contrôle.
Malgré les campagnes d'information ministérielles, relayées par de nombreux médias, on peut déplorer que 30 % des femmes de la tranche de population concernée négligent toujours cette opportunité, et ne pratiquent aucun dépistage.
Ce sont donc encore malheureusement, selon les spécialistes, 3 500 vies qui pourraient être sauvées chaque année.
De plus, de récentes études montrent que près de 30 % des cancers frappent des femmes avant cinquante ans, contrairement à l'idée répandue selon laquelle les risques seraient inexistants avant cet âge. En outre, les cancers évoluent généralement plus rapidement chez la femme jeune.
Il apparaît donc important de mettre en place une politique de dépistage encore plus active, qui serait fondée sur un suivi préventif de plusieurs années, et qui permettrait notamment aux femmes d'être contrôlées, à intervalle régulier, dès leur quarantième anniversaire. Plusieurs de nos voisins européens se sont déjà engagés dans cette voie.
Je souhaiterais donc, madame la ministre, que vous me précisiez les dispositions qui vont être prises pour améliorer la politique de dépistage de cette maladie, et que vous m'indiquiez notamment s'il peut être envisagé d'avancer l'âge du dépistage gratuit à quarante ans.
M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État.
Mme Rama Yade, secrétaire d'État chargée des sports. Madame la sénatrice, vous avez bien voulu interroger Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la santé et des sports, sur la politique du Gouvernement en matière de dépistage du cancer du sein.
Le cancer du sein reste le cancer le plus fréquent, ainsi que la première cause de mortalité par cancer chez les femmes.
D'indéniables progrès ont été réalisés ces dernières années, avec une baisse de la mortalité de 1,3 % par an entre 2000 et 2005. Cependant, aujourd'hui encore, de nombreux décès pourraient être évités, au moyen d'une prise en charge plus précoce.
Faut-il, de ce point de vue, élargir le dépistage organisé aux femmes âgées de quarante à cinquante ans ? Aujourd'hui, Mme la ministre me charge de vous donner une réponse négative.
Cette position se fonde bien évidemment sur des données médicales, et non sur des considérations économiques.
On estime en effet que les inconvénients du dépistage à cet âge dépassent ses avantages éventuels. Il a ainsi été démontré que, malheureusement, la succession de plusieurs examens négatifs entraînait une démobilisation des femmes et, à moyen terme, une plus faible participation aux dépistages ultérieurs, au moment où le risque de cancer devient maximal.
Enfin, nous devons redouter le « surdiagnostic », c'est-à-dire la mise en œuvre d'un traitement lourd pour un cancer qui n'aurait pas évolué en l'absence de traitement.
De multiples autres raisons médicales justifient cette politique.
Pour autant, il ne faut pas nier l'existence de la problématique spécifique des cancers avant l'âge de cinquante ans. S'ils ne représentent que 20 % des cancers du sein, ils justifient les mesures particulières inscrites dans le plan cancer II, que le Président de la République vient de présenter.
Il convient de mieux cerner les modalités techniques spécifiques de dépistage pour les femmes de moins de cinquante ans, pour lesquelles la mammographie seule n'est peut-être pas l'examen optimal. C'est pourquoi des régions pilotes pourraient mener des expérimentations sur le sujet.
On pourrait également envisager de proposer préférentiellement le dépistage aux femmes de cette tranche d'âge qui auraient un risque accru de cancer du sein, eu égard à des facteurs familiaux ou comportementaux.
La priorité du Gouvernement en matière de dépistage du cancer du sein demeure d'augmenter la participation des femmes auxquelles le dépistage organisé s'adresse actuellement. Là encore, le nouveau plan cancer va nous fournir les outils pour atteindre l'objectif ambitieux d'augmentation de 15 % de la participation à ce dépistage.
Dans le but de réduire les inégalités de dépistage, des actions concrètes vont être menées. Il s'agira de persévérer dans l'information pour éviter les attitudes de déni, d'organiser des campagnes très ciblées pour les femmes les plus vulnérables ou les moins accessibles et, enfin, de renforcer le rôle du médecin traitant.
Vous le voyez, madame la sénatrice, le Gouvernement partage vos préoccupations en matière d'optimisation du dépistage. La prévention du cancer du sein est une priorité nationale, comme l'a rappelé le Président de la République.
M. le président. La parole est à Mme Catherine Dumas.
Mme Catherine Dumas. Je vous remercie de cette réponse, madame la secrétaire d'État. Je prends acte des arguments de Mme Bachelot-Narquin comme de la possibilité de mener des expérimentations dans ce domaine.
Vous savez que je suis particulièrement sensible à cette cause, et attachée à la mobilisation contre ce fléau.
Dans le cadre de la semaine nationale du dépistage, j'ai eu le plaisir de participer, le 3 octobre dernier, aux côtés de l'épouse du président du Sénat, Mme Christine Larcher, et de Mme Laure Darcos, à une importante opération de sensibilisation organisée dans le jardin du Luxembourg par le Comité féminin d'Île-de-France de lutte contre le cancer.
J'aurai d'ailleurs l'honneur de présider en mars prochain un colloque organisé sur ce thème au Sénat.
L'information, la sensibilisation et la prévention restent en effet aujourd'hui nos meilleures armes pour lutter contre cette maladie. Je reste donc particulièrement attentive à la mise en œuvre de la politique de dépistage et des mesures que vous nous avez présentées.
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