A l'occasion du débat organisé en Conseil de Paris ce lundi matin, Catherine DUMAS a souligné le manque d'ambition du Maire de Paris et de son équipe pour rendre la Culture accessible aux jeunes. Suppression de cours dans les structures municipales, baisse des subventions aux associations culturelles, hausse des tarifs,... les exemples n'ont pas manqué pour critiquer une politique culturelle municipale qui d’un côté, augmente massivement les tarifs d’accès aux activités culturelles, diminue les subventions aux associations et s’accommode, sans trop d’embarras, de la fermeture des bibliothèques le dimanche, alors que, de l’autre côté, le ville dépense sans compter, des millions d’euros, en investissement et en fonctionnement, dans des équipements boudés par le public et réservés à une toute petite élite, comme le "104".
" Monsieur le Maire,
Dans votre communication consacrée à la jeunesse, seulement 34 lignes portent sur l’offre culturelle destinée aux jeunes Parisiens. Les élus du Groupe UMPPA ne peuvent donc, malheureusement, que constater et déplorer votre peu d’intérêt pour la culture et a fortiori celle destinée aux jeunes Parisiens.
Pourtant, vous le savez, la pratique d’activités culturelles, dès le plus jeune âge, constitue un réel soutien à la réussite scolaire, car elle favorise l’ouverture vers l’autre, l’épanouissement personnel et même la persévérance scolaire.
Certes, vous dites consacrer « un effort extrêmement important aux formations artistiques et aux pratiques amateurs ». Pourtant, hormis vos projets « fétiches » qui, comme le « 104 », sont des gouffres financiers proches du naufrage, nous constatons, encore cette année, une diminution notable des subventions accordées aux associations culturelles.
A lire attentivement l’exposé des motifs des délibérations, la phrase « Compte tenu de la répartition globale des subventions culturelles », tombe désormais comme un couperet sur le financement attendu par ces associations. Car, comme c’est devenu votre habitude, vous vous servez une nouvelle fois du budget dédié à la culture comme d’une variable d’ajustement pour équilibrer les autres budgets de la ville.
J’aimerai vous rappeler, Monsieur le Maire, les conclusions d’un rapport datant d’avril 2009 de l’Inspection Générale de la Ville de Paris sur l’accès du jeune public aux activités culturelles gérées ou soutenues par la Ville de Paris.
L’Inspection Générale y souligne un nombre important de faiblesses et de dysfonctionnements dans l’action culturelle de la Ville en faveur des jeunes. Le rapport fait notamment état d’un déficit certain de lisibilité de l’offre culturelle destinée aux jeunes Parisiens.
Nous aurions donc pu, légitimement, penser que vous vous seriez rapidement saisi de ce problème et que vos équipes auraient travaillé, depuis un an, sur un plan de communication (c’est un domaine où vous êtes performant) afin de diffuser plus largement l’offre culturelle parisienne. Mais, NON !
Vous avouez, au contraire, dans votre communication que rien n’a été fait dans ce domaine depuis la remise de ce rapport.
Ce rapport de l’Inspection Générale vient également confirmer notre jugement sur votre politique culturelle :
- vous n’avez aucune vision globale,
- vos orientations stratégiques sont obscures, voire carrément absentes,
- vous ne disposez que de données parcellaires sur les pratiques et les attentes des jeunes,
- la coordination entre les acteurs et les directions de la Ville est clairement insuffisante,
- et enfin, aucune évaluation des opérations financées n’est réalisée par vos services.
Tel est le bilan de votre politique culturelle ! Quel constat accablant !
Les modes de vie des Parisiens ont considérablement évolué au fil des dernières années et leur mode de consommation de loisirs, et notamment de loisirs culturels, également. Ainsi, comme le rappelait déjà, lors du Conseil de mars 2009, mon collègue Thierry Coudert, l’ouverture des bibliothèques le dimanche s’inscrit dans cette évolution et répond à une demande forte des Parisiens. Pourtant, depuis le 5 septembre, les portes des bibliothèques François Truffaut (Paris 1er), Marguerite Yourcenar (Paris 15ème) et Marguerite Duras (Paris 20ème) restent désespérément closes. Privant notamment les jeunes Parisiens d’un espace culturel où ils peuvent soit se divertir, soit trouver les moyens et le cadre studieux nécessaires à leurs études et à leur réussite scolaire.
Ma question sera donc très simple, Monsieur le Maire, que comptez-vous faire pour débloquer cette situation qui pénalise de nombreux Parisiens ? Les négociations avec les syndicats sont aujourd’hui au point mort et les élus du Groupe UMPPA (mais je crois, aussi, les élus d’un groupe de votre majorité) déplorent ce blocage qui aboutit, encore une fois, à une prise en otage des Parisiens qui ne peuvent se rendre en bibliothèque le dimanche.
Je souhaite aussi aborder un dernier point qui nuit gravement aux pratiques culturelles des jeunes Parisiens. Il s’agit de la hausse des tarifs ou de la suppression, des cours dispensés dans le cadre des cours pour adultes (la jeunesse ne s’arrête pas à 18 ans) ou des ateliers culturels de la Ville de Paris.
Comme vous le savez, ces ateliers culturels (la plupart initiés par vos prédécesseurs), permettent aux Parisiens de développer leurs aptitudes créatrices et leurs passions à travers une multitude de cours dans des domaines très variés comme celui des métiers de l’art, de la musique, du théâtre ou de la danse notamment.
Je profite d’ailleurs de cette occasion pour rendre hommage au travail de deux associations qui me sont chères, Paris-Ateliers (dont le Directeur général, Jean-Yves LANGLAIS quitte ses fonctions, aujourd’hui, pour rejoindre la Cité internationale des Arts) et la Maison des pratiques artistiques amateurs.
Je voudrais citer l’exemple des Ateliers des Beaux-Arts de la Ville de Paris.
Depuis la rentrée 2010, un jeune actif, célibataire sans enfant, disposant d’un revenu mensuel de 1300€ net par mois (correspondant au tarif 5), qui souhaiterait s’inscrire au cours de chant choral, devra dorénavant payer 180€ contre 152€ l’année dernière.
Monsieur le Maire, à l’image de ce que vous faites avec les tarifs des cantines scolaires, vous prenez une nouvelle fois les classes moyennes comme souffre-douleur ! N’en déplaise à Monseiur LEVY, l’orateur précédent…
Mais que vous ont-ils fait pour mériter cela ? Y-a-il pour vous deux types de Parisiens ?
Les élus du Groupe UMPPA condamnent fermement l’augmentation importante des tarifs appliqués à un grand nombre de cours dispensés dans les ateliers culturels de la ville de Paris, qui se traduit pour de nombreux jeunes Parisiens par l’impossibilité de découvrir ou de continuer à pratiquer la discipline artistique de leur choix.
Nous condamnons également la disparition de métiers d’art, comme l’horlogerie, dans la liste des cours d’adultes proposés aux parisiens dans le cadre de formations diplomantes.
Monsieur le Maire, et j’en finirai par là, tous les éléments que je viens de rappeler, illustrent parfaitement l’ambiguïté de votre politique culturelle qui, d’un côté, augmente massivement les tarifs d’accès aux activités culturelles, diminue les subventions aux associations et s’accommode, sans trop d’embarras, de la fermeture des bibliothèques le dimanche, alors que, de l’autre côté, vous dépensez sans compter, des millions d’euros, en investissement et en fonctionnement, dans des équipements boudés par le public et réservés à une toute petite élite.
Vous avez parlé de la soi-disant désinvolture de l’Etat… Monsieur le Maire, je le regrette profondément, la désinvolture, voire pire, est manifestement bien de votre côté."
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